RIVERS&BRIDGES ---
JOCELYN ROBERT TEXT[1][2][3][4][5] [6] FIGURES [1&2] [3&4] | [english] |
Encore quelques mots au sujet du langage et des nouveaux
média Tous savent que l'anglais est
la langue officielle des territoires télématiques. En
fait, dans la nation électronique, l'anglais nivelle les autres
langues au niveau d'accessoires culturels. Par ailleurs, l'anglais
souffre aussi de cette suprématie. Les anglophones ne sont pas
tous si heureux de cet état des choses : certains croient que
leur langue atteint son potentiel et sa richesse dans un contexte
approprié, quand le récepteur peut décrypter les
subtilités du code. L'usage systématique de l'anglais
comme interface pratique dans les rencontres internationales et autres
projets transculturels leur donne l'impression d'une
dévalorisation de leur langage. L'anglais est équarri
jusqu'à devenir une sorte d'espéranto technique
lorsqu'utilisé comme code de dépannage, comme roue de
secours, la poésie étant évacuée par le
moulin "anglais langue seconde" que chacun utilise en
étant convaincu d'être compris (!). Etant donné
l'implacable ramification internationale des réseaux de
communication, une question se pose : derrière les
problèmes techniques et plus loin que les réflexes
xénophobes qui surgissent partout de nos jours lorsqu'il est
question de l'idée d'une langue maternelle et d'une appartenance
culturelle, quel processus fondamental est à la base de notre
usage des nouveaux réseaux d'échange ? Comment ce
processus -duquel iceberg le problème de la langue parlé
ou écrite n'est que la pointe- peut-il être
questionné et informé par une manifestation artistique et
culturelle ? Comment une manifestation artistique et culturelle
peut-elle être questionnée et informé par lui
? L'utopie de l'usage parallèle de tous les langages
parlés ou écrits doit être écartée
d'emblée : les cultures survivent dans le mouvement ou meurent.
L'idée de les garder cote à cote sans fertilisation
croisée n'est pas viable. D'un autre coté, ce mouvement
d'un langage à l'autre, cet échange qui traverse
constamment ce pont appelé traduction semble bien être la
clef de voûte qui permet de nourrir les nouveaux codes à
partir des valeur cristallisées dans chaque langue. Et ce
va-et-vient sur le pont pourrait bien être lui-même ce
transporteur de sens, peu importe la destination particulière de
la définition. En fin de compte, la traduction, non pas comme
résultat mais comme mouvement, comme énergie et comme
vecteur, semble être la forme de méta-langage qui pourrait
bien se révéler la fondation de nos échanges
futurs, étant donné que la multiplication des contextes
de références nous force maintenant à l'usage de
stratégies de traductions même quand l'échange
prend place dans un même territoire
linguistique. (1) comprendre et être compris n'est pas si facile entre gens de même langage mais de pays différents, c'est bein connu. Nous voyons maintenant surgir le problème entre gens d'un même territoire géographique: les compétences techniques, les domaines de référence, des contraintes spécifiques des média font qu'une forme de traduction est constamment requise lorsqu'un mé parle à un patient. lorsqu'un informaticien parle à un client. lorsqu'un artiste parle à un politicien. Ce processus n'est pas nouveau, mais l'acceptation de son existence et la compréhension de son importance réelle obligent maintenant les médecins à suivre une formation en relation d'aides, les informaticiens à concevoir des interfaces intuitives, les artistes... |